Suis je le personnage ?

le 26-01-24 20:48

« Je ne dois pas devenir comme mon personnage, je ne dois pas devenir comme mon personnage. »
Ce mantra, parfois l’auteur que je suis, doit se le répéter sous peine de sombrer.
Je ne plaisante pas. Au fil de mes romans, je suis passé d’agent de police international névrosé et suicidaire, à petit vieux dans un hospice. Puis de sans-abri désabusé, j’ai aussi fait un petit tour par une dualité temporelle entre chercheur informatique au Québec et paysan à la révolution, pour terminer en surdoué névrosé (encore…) et amoureux.
À chaque fois, pour bien cerner le rôle, cela nécéssite de se mettre dans la peau et surtout dans le cerveau du personnage, d’oublier un peu mes préceptes pour en créer de nouveau. Cette méthode épuisante pour écrire avec son cœur et parfois ses tripes demande une énergie incroyable et probablement une imagination envahissante.
On ne devient pas cet autre, on le ressent, on respire comme lui, on vit à l’intérieur comme lui.
Mais à l’occasion, la concentration aidant, on adopte quelques traits, une réflexion intellectuelle par ci, une envie par là.
Quand on y pense, c’est terrifiant. Mais comment font les (bons) acteurs pour ne pas finir fou… S’investir à fond pour intégrer un état d’esprit différent du nôtre, c’est souvent très tendancieux… on peut rapidement paraitre bizarre aux yeux de son entourage.
Alors oui, on ne se transforme pas en espion ou astronaute ni en assassin ou psychopathe dangereux… enfin je l’espère ! Mais on finit toujours par réfléchir autrement à un moment donné.
La démarche est plutôt sympa voir intelligente lorsque le personnage est un vieux monsieur légèrement philosophe, mais il y a sérieusement à redire quand on se métamorphose en tueur à gages comme dans ma nouvelle « Max » !

Image par Sam Williams de Pixabay