Page blanche ? Connais pas.
Enfin non, enfin si bien sûr. Mais pas comme on a l’habitude d’entendre.
Chez moi le syndrome se transcrit quasiment en dépression. Oui oui vous avez bien lu, la dépression de l’auteur.
Ce n’est pas simplement un « je m’assois devant une vieille machine à écrire et j’allume une cigarette en fixant le vide », mais plutôt une longue morne difficile et blessante réflexion qui va durer un temps… indéterminé. Ça peut se poursuivre des semaines, voir des mois.
Et pendant tout ce temps, certes l’histoire chemine dans ma tête et s’arrondit, se gonfle de détails que je réutiliserai plus tard (si je m’en souviens !), mais mon incapacité à me poser devant mon ordinateur est terrible, limite besoin d’un rendez vous chez une psy.
Alors on trouve ceux qui disent « oui moi je me force à écrire même n’importe quoi et quand le syndrome disparait, j’ai toujours le rythme ».
Ceux-là, je me demande pourquoi ils ne sont pas devenus militaires… (peut être qu’ils le sont !) Le côté spartiate j’ai déjà vécu ça dans bien des situations plus importantes que d’écrire, qui soit dit entre nous, doit rester un plaisir.
Et puis il y a ceux qui se plaignent « je n’y arrive pas ouin ouin ouin » (oui je ne suis pas tendre, je sais). Ceux-là je me demande quelle est leur échelle de valeurs. Remettez en perspective les gars, écrire, à moins que ce ne soit votre gagne-pain et que vous ayez super faim, la page blanche n’est pas la chose la plus importante de votre existence. Enfin, je crois… Du moins, j’espère pour vous ! Zen.
Moi je suis de la troisième équipe, celle qui se contente de subir ce morne silence dans son esprit. Par dépit. Ce n’est plus vraiment un silence d’ailleurs, ça ressemble à une cacophonie étouffée, des tas de bruits mélés et inaudibles sur des pourquoi et des comment. Ça ne fonctionne pas OK, ça ressurgira quand ça voudra bien. Malheureusement je n’y peux rien.
Pour l’instant, c’est revenu comme à chaque fois, à croire qu’une époque de l’année est faite pour écrire et l’autre pour rêver. C’est un cycle avec son pic d’intérêt et sa crevasse d’oubli.
Pourtant, deux choses sont certaines.
Tout d’abord bien que je mettes deux ans à publier un roman, il n’y a que six mois d’écriture. On y ajoute six autres mois avant et pendant, mélangés en salade multifruits où je tourne en rond devant mon écran noir. Ensuite, le reste ce n’est que relecture et corrections, pas vraiment le plus attrayant.
Après analyse de ce timing, je me rends compte que je ne sais pas penser si ma vie est morne et plate. L’ennui et la routine viennent sabrer mon imagination et ma détermination. C’est le cas des vacances notamment.
Quelle constatation effrayante : n’être inventif que dans le tumulte, le bruit, la compétition et j’en passe.
C’est dû à mon caractère évidemment. C’est bien pour ça que je fais partie de cette équipe de désabusés… et je ne dois pas être le seul !
Image par Steve Johnson de Pixabay