Pardon or not pardon

« Je pense donc je suis », qui n’a jamais entendu cette phrase ? OK on ne va pas débattre autour, je ne suis pas philosophe de toute façon. En revanche, la suite m’interpelle et m’a toujours interpellé : « pourquoi je suis » ? Et voilà, ca recommence. Doucement le cerveau, doucement. Bizarrement...…
Pardon or not pardon
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« Je pense donc je suis », qui n’a jamais entendu cette phrase ?
OK on ne va pas débattre autour, je ne suis pas philosophe de toute façon. En revanche, la suite m’interpelle et m’a toujours interpellé : « pourquoi je suis » ?
Et voilà, ca recommence. Doucement le cerveau, doucement.

Bizarrement, cette interrogation me vient avec n’importe quel problème ou plus précisément chaque fois qu’une contrariété me fait monter la tension, entreprends de me rendre dingue ou me met dans une colère intérieure noire (oui, intérieure, car je ne suis guère explosif voir expressif, selon certaines sources proches du gouvernement familial).
Immédiatement mes pensées se dirigent comme tout le monde vers le souci et ses solutions, souvent le combat ou la vengeance. Et c’est exactement dans ce deuxième cas que la question originelle prend toute son ampleur.
Je visualise automatiquement quel pourrait être mon retour. Puis l’envergure de celui-ci. Puis les répercussions. Et là, petit break entre mes neurones, un instant d’évaluation risque-gain ou plus communément appelé souffrance-plaisir.
L’imagination se met en route.
J’envisage tout l’itinéraire si je suivais mes élucubrations. Ça peut aller très très loin (j’ai beaucoup de créativité) et, en général, ce ne sont pas les lignes du bonheur que j’ébauche, mais plutôt celles de malheurs qui s’enchainent.
Puis d’un coup, miracle. Mon adrénaline redescend, ma raison revient probablement aussi à un niveau plus acceptable et ce grand n’importe quoi amène les questions « pourquoi je suis et pourquoi je suis là ? »

Petit aparté, il faut savoir que je suis athée, totalement athée, limite anti-religion primaire. Je déteste tout ce qui est susceptible d’assouvir l’humain en utilisant n’importe quels moyens psychologiques (ou non) pour contraindre. (Je n’en dirais pas plus, je comprends que je ne dois fâcher personne, mais ma liste de griefs est longue, peut être un autre post un jour.)

Reprenons.

« Pourquoi »… À cet instant, tout le relativisme dont je dispose se met en place. Contextualiser ce que j’éprouve, recadrer ma réaction et, surtout, resituer le tout par rapport à ma réalité. Puisque mon éternité n’existe pas, lorsque je fermerai les yeux pour la dernière fois, rien n’aura d’importance et encore moins le désagrément que je viens de subir. Il y a un début, une fin et rien après.
Là tout à coup, je suis d’un calme olympien. Hors de question de gâcher ma précieuse durée de vie avec des hostilités ou des futilités en tout genre.
Mais ne vous méprenez pas, je voudrais être précis. Le feu brule (et l’eau mouille, oui, je sais, vieille référence). Et si je me suis blessé la main une fois, je ne vais pas la remettre pour voir si je me « rebrule » !

Alors, je pardonne beaucoup, presque quasiment tout, tout le temps. Si c’est un proche, en général, dix minutes suffisent pour que je sois passé à autre chose. Si c’est un individu étranger, selon son niveau d’agression, j’irai de l’état « excuser » jusqu’à celui de « oublier son existence » en à peine quelques heures, rayé de ma carte, au point qu’il ne pourra jamais plus penser à moi.
Ça ne fait pas de ma personne quelqu’un de stupide (enfin… je ne crois pas.) J’essaie simplement d’aménager le temps de mon histoire sur terre du mieux possible pour en perdre le moins possible.
Tout ce qui a trait à la bagarre, la vengeance, la jalousie, tous ces machins qui demandent un investissement exclusif tellement énorme à des fins tellement désuètes, je préfère les laisser tomber et vivre mes instants avec mes valeurs.

D’accord, vous allez me dire « oui, mais il y a des fois ce n’est pas possible, soit parce qu’on ne souvient plus qu’à ça, soit parce que sinon on passe pour un moins que rien ». Vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Quand les choses font vraiment mal (et j’en ai subi pas mal), elles ne le font pas éternellement et avoir l’air d’un gars stupide on s’en fiche. Ceux qui pensent ça de moi, je les ai déjà écartés de ma vie. Dix minutes s’écoulent et la situation n’est plus la même dans votre tête ni dans celle de l’autre. Un jour plus tard, l’impression est embrumée. Et une semaine après ce n’est qu’un lointain souvenir.

Il reste tout de même un dernier sujet qu’il faut que je traite, celui qui part au delà des mots ou quelques petits ennuis. Non, les choses graves, comme la mort d’un proche provoqué par un tiers (C’est un dossier précis.) Ou sans aller aussi loin, quelqu’un qui fait du mal à votre progéniture. Et là… je crois que toutes mes belles idées de relativité se relativisent (Validez la subtilité svp ! ;)).
J’ai déjà eu ce cas. Malheureusement. Nous avons élevé un enfant handicapé. Voilà. Vous avez tout compris. À de nombreux moments, mon étrange pouvoir de réflexion intérieure n’a pas été en mesure de m’aider. Le taureau a baissé la tête pour foncer (et je n’en suis pas toujours fier).
Mais est-ce que ce n’est pas ça justement la mesure, l’équilibre. Est-ce que ce n’est pas ça la seule chose importante : garder à l’esprit ce qui ne peut pas être transigé, le vital, ne pas se poser de question pour protéger ses proches et relayer aux oubliettes l’inintéressant, toutes les disputes, engueulades, tromperies et divers petits trucs qui pourraient nous gâcher le peu d’instants de plaisir que nous avons.
Alors, comme disait l’autre (célèbre vendeur de porte-à-porte) « l’essayer c’est l’adopter » ! Au début on a du mal, on rumine, mais avec le temps, le détachement arrive. Parfois (souvent), je parviens à en rire devant mon opposant qui du coup se sent bête, ou énervé, ou me prend pour un dingue ou je ne sais. Mais en tout cas, le soufflet se dégonfle.

C’est la vie. C’est fatigant. Alors je le récapitule assez simplement par un discours que mon épouse et mes enfants ont beaucoup entendu de ma part : « si je ne vous avais pas avec moi, mon existence se résumerait à être sans abri, quelque part au soleil, sur une plage, et surtout sans interaction avec personne » parce que sérieusement, je m’en fiche de ce que pense les autres de moi.
Nul doute qu’ainsi, je n’aurai jamais rien eu à pardonner !

Image par Victoria de Pixabay

PS: Ce qui est assez drôle c’est qu’en cherchant une illustration sur le pardon, je ne suis tombé que sur des images d’Épinal, comme si pardonner ne pouvait avoir qu’un sens religieux ! Sérieusement… (vous ne le voyez pas, mais je lève les yeux au ciel)