— Bonjour, Paula, j’espère que tu es en forme ce matin, on a du pain sur la planche.
N’obtenant aucune réponse, David posa son inséparable sac sur son bureau et alluma son écran en veille. Il avait tellement l’habitude de toujours arriver après elle qu’il n’avait pas même ouvert les yeux pour s’apercevoir qu’il était seul dans l’open space.
Le bâtiment dans lequel il avait établi sa société de développement informatique se situait au bord des champs, dernier rempart entre les rues goudronnées et les mottes de terre. Il louait un premier étage quelque peu exigu, mais qui lui suffisait largement. Un petit coup d’œil par la fenêtre l’arrêta net dans ses réflexions sur l’absence de sa collègue de travail.
Les cultures avaient également étaient rasées. Tout comme ses observations une heure auparavant, il subsistait ça et là des épis récalcitrants qui lui paraissaient pour certains tortueux et disproportionnés.
Calé à sa place, prêt à en découdre avec quelques portions de logiciel qui ne voulaient pas s’imbriquer, il commença par sa messagerie.
— Alors mesdames messieurs, grande décision aujourd’hui, je ne répondrai pas tout de suite à vos mails, juste un petit coup d’œil pour savoir qui a besoin de moi.
Son application lui montra en un clin d’œil les choses importantes et les autres. Bien rangées dans les dossiers, il pouvait connaitre immédiatement l’ampleur des dégâts.
— Pas d’ennuis en vue, pas de client mécontent, pas de réclamation…
— Belle journée !
Surpris, il se retourna pour se trouver nez à nez avec Paula.
— Salut Paula. Oui, c’est une belle journée qui commence effectivement.
— C’était compliqué ce matin pour déposer mon petit chéri à la garderie. Je ne sais pas ce qu’il avait, mais il était très agité.
— Ça se passe toujours bien dans ce centre ?
Elle avait jeté son sac à main sur sa table et s’était littéralement affalée dans son fauteuil, face à David.
— Oui heureusement, je te jure que ce n’est pas simple tous les jours avec lui. Il ne parle pas vraiment, mais alors ce matin c’était des phonèmes comme s’il essayait de dire quelque chose de très important, mais que je ne saisissais pas du tout.
— Ça doit être terrible pour Timothée de se sentir incompris sans arrêt.
Paula ne répondit pas, elle venait d’allumer son écran et se plongeait déjà dans ses tâches. Elle avait l’habitude, elle gérait son fils seule depuis longtemps.