Paula n’en pouvait plus de retenir son fils au milieu de la cohue. Elle ne cessait de lui tirer sur le bras pour l’empêcher de partir en courant, mais la force de Timothée semblait décuplée et elle avait toutes les peines du monde à le freiner. Elle aurait préféré retourner chez elle, et pourtant cela lui était apparu impensable puisqu’elle aurait dû lutter pour aller dans l’autre sens.
Ils arrivaient enfin aux abords des bureaux. Le chemin avait été compliqué tant il y avait de personnes affolées.
Alors que Timothée forçait toujours pour contourner le bâtiment et accéder aux abords du champ, celle-ci tenta une nouvelle fois de négocier pour rejoindre les locaux, effrayée par ce qu’elle apercevait au loin. Tout cela ne ressemblait plus à une culture. À la place, une sorte d’immense voute opaque surplombant des murs de lianes se dressait devant eux.
— Timothée, calme-toi, attends, on va d’abord monter à mon bureau.
Celui-ci recommençait à hurler si bien que n’en pouvant plus, elle l’empoigna et le maitrisa pour s’engouffrer dans l’entrée et filer dans l’open-space.
Sans réfléchir, elle grimpa les escaliers rapidement, attrapa le trousseau de clefs dans sa poche et en un mouvement, ouvrit et s’y rua avec Timothée, puis referma derrière elle.
Il ne pouvait pas sortir et le savait. S’asseyant tranquillement en tailleur devant la porte, il tapait de manière régulière du plat de la main.
Paula lança toutes ses affaires sur le bureau et s’approcha de la fenêtre. Le spectacle qu’elle voyait était insensé. Le dessus était totalement opaque, les feuilles et les branches se trouvaient tellement denses qu’on aurait dit du béton. La foule était agglutinée devant les murs de cette forêt et certains se glissaient entre. Aussi fou que cela lui parût, seuls les enfants arrivaient à se faufiler. À y regarder de plus près, les adultes qui tentaient de forcer le passage étaient violemment repoussés en arrière. Cette chose qui s’était dressée était vivante.