Un ouragan sous le crane

le 05-07-24 17:27

Un ouragan et la chanson de Souchon « quand j’serais KO » en boucle dans ma tête. Voilà ce qui me ravage.
Oui ça en fait du vent dans ma tête !
Et pourtant, il y a un moment où on doit se rendre à l’évidence. J’ai encore du travail à faire sur moi-même. Alors cette année, c’est mon challenge, mon travail de 365 jours, arrêter de croire que j’ai vingt ans, la vie devant moi et que le monde va me derouler un tapis rouge.
Si vous avez parcouru mes autres textes, vous avez compris que je ne m’arrête jamais ni de bouger ni de penser.
Surtout pas de penser.
J’imagine, j’invente, je statue, j’analyse et j’en passe. Mais là, que la bourrasque interne se calme !

Pourtant ce n’est pas si simple.

Pendant des années, j’ai prôné le « il est temps que les vieux fassent de la place aux jeunes ». Normal, j’étais jeune ! Maintenant c’est à moi de leur laisser un peu d’air. Non pas que j’en ai pris beaucoup, mais les murs qui ont commencé à se dresser devant moi sont de plus en plus haut et gravir l’Everest ce n’est plus mon truc.
Qu’on se mette d’accord, je ne suis pas si vieux si on en croit les études pour la réforme des retraites ! « Faudrait bosser plus longtemps monsieur Fiji ».
OK alors faudrait me faire de la place, messieurs les technocrates. Seulement voilà, en travaillant dans l’informatique, les choses vont si vite que la souplesse de nos neurones est rudement mise à l’épreuve. Là où j’étais d’une performance incroyable dans la compréhension et la mise en application, désormais j’en suis rendu au dur labeur du rabâchage pour que ça rentre. Et encore…

Non. Les faits sont clairs, ni les institutions, ni notre culture, ni la santé ne permettent de courir aussi vite.
C’est un peu stupide d’ailleurs. Si quelqu’un approchant un certain âge a le courage, les neurones et la niaque pour continuer à un rythme effréné, les sociétés devraient se l’arracher. Il a pour lui en plus de sa connaissance, un savoir-faire qu’aucun post-étudiant n’a.
La culture faut il vraiment en parler ? La différence entre l’anglosaxonie et les Latins m’aura toujours étonnée. Tout au long d’une carrière, on m’aura servi du « ça aurait pu être mieux si tu avais pensé à » sans jamais donner du « c’est top ce que tu as fait, bravo tu le refais quand tu le souhaites », bien plus motivant. J’ai moi-même utilisé cette sale technique.
Et je m’en veux.
Et c’était nul.
Et je ne le ferais plus. Mais j’ai grandi comme ça, on me l’avait bien posé au chaud dans le crâne et malheureusement, je me suis aperçu trop tard que ce n’était pas la bonne méthode.
La santé ? Laissez tomber. On n’est pas tous égaux avec ce truc. J’enrage, c’est le seul machin que je ne peux qu’à peine contrôler. À peine, car tout ce que je peux faire c’est d’éviter que ça ne se détériore trop vite. Un peu comme tout le monde, mais à différent niveau. D’ailleurs, je comprends la chirurgie esthétique maintenant. Non pas que je veuille en faire, mais l’effet cascade est là. Moi je fais tout pour me maintenir parce que la maladie menace de me bouffer, et d’autres pas malade, font tout pour ne pas vieillir aussi à coup de bistouri. On lutte chacun à notre niveau afin de ne pas être décrépi trop vite.

Alors pour gérer tout ça, il faut que je ralentisse. C’est un ordre. Tant pis pour la société et la culture (mais pas la santé), je lève le pied.

Sauf que voilà. J’ai toujours la tête pleine d’idées. Et en écrivant ces lignes, je me rends compte qu’à part ne plus écouter le reste du monde, je ne vais pas faire taire mes envies.
La société ne veut plus de moi ? Comme disait l’autre « qu’elle se rassure, je ne veux pas d’elle non plus ».
La culture je la trouve bête ? C’est trop tard pour que je puisse lutter.
La santé m’enquiquine ? Elle va voir de quel bois je me chauffe.
Pfff, je ne vais pas entretenir l’ouragan, mais il est en moi. Je n’y peux rien, c’est ma manière d’être. Si je devenais un légume décérébré, ça ne plairait à personne.

Bon… voilà. Encore un coup d’épée dans l’eau, j’ai beau réfléchir, je ne vais pas me calmer, je ne suis pas KO, je m’en fous des ordres, c’est raté. Sortez le tapis rouge et faite de la place pour aujourd’hui !
On en reparlera dans 364 jours.