Que voici un réveil ô combien difficile, peut être connaissez-vous ?
Les médecins ne s’étaient pas trompés, mais lorsque cela arrive, ma seule bouée de sauvetage c’est justement ce qu’ils m’avaient dit. Je me raccroche à cette unique réflexion logique : avec la sclérose en plaques les hauts et les bas peuvent survenir sans prévenir et sans raison.
Et pourtant, comme c’est difficile. (J’avais écrit « Dieu que c’est difficile », mais en bon mécréant je vais éviter.)
C’est cette fichue maladie qui me fait ça et accessoirement la redescente postmédication, après quelques jours d’hospitalisation passés à me faire injecter des tas de cochonneries dans les veines.
Je n’ai évidemment jamais eu caractère à me laisser aller, les coups de blues je ne connais pas vraiment, encore moins le noir futur. Je n’ai aucune prédisposition à cet état.
Notre famille a essuyé tant de tangages, de fuites dans la coque du bateau, de chocs foireux qui nous ont mis à mal, que j’aurai pu facilement appuyer le deuxième genou à terre et me coucher. Pourtant, ce n’est pas arrivé, à peine si je suis resté un peu plus longtemps dans la position de celui qui peine à se relever.
Mais là, tout y est. Ce matin, je ne vois que la pénombre.
Réveillé au milieu de la nuit, impossible de me rendormir. Assis devant un livre, aucune envie de déjeuner. Et tout tourne en boucle. Le ballet du négatif s’emporte sans laisser aucune place à la raison et à l’espoir.
Tout ce que j’ai entrepris me semble voué à l’échec. Je me sens immensément seul dans ma tête. Mon pauvre cerveau.
Le travail, l’écriture de mes romans, ma musique et mes dessins, tout me parait comme lointain, dans une autre vie. Je serai bien incapable à ce moment-là d’en faire quoi que ce soit.
Les choses plus anodines comme la gestion de notre compte bancaire devenu catastrophique avec l'invalidité m’alarment au plus haut point et je ne trouve aucune solution. Autrefois j’aurai fait un boulot annexe pour renflouer, mais maintenant, malade et has been (l’informatique ne pardonne pas) c’est impossible.
Et l’ultime affaire, la santé qui n’est probablement plus un sujet, si elle ne faisait que me jouer des tours à moi, je m’en accommoderais, mais j’envisage tout pour mes proches, toutes les conséquences les unes derrière les autres, et forcément les pires.
D’accord. On se pose.
Ne rien faire.
Attendre que ça passe.
La journée a filé. J’ai évité de réfléchir, évité de boucler et de rajouter du stress. Heureusement que mon entourage est incroyable, toujours prêt à m’épauler.
J’ai de la chance.
C’est ça. J’ai de la chance. J’ai de la chance.
...Repeat after me : J’ai — de — la — chance…